Chargement du système _ // Données manquantes _
log: Réponses nécessaires.
quelles sont vos coordonnées GPS favorites à Night City? La décharge, ça peut paraitre curieux mais c'est le seul endroit où elle est tranquille. C'est là où elle rencontre Volt la plupart du temps, elle a de bons souvenirs là-bas et faut dire qu'elle se sent à sa place au milieu des trucs qu'on a abandonné. Elle aime bien s'y établir et jouer les martyrs en regardant le ciel d'un air désespéré, bière à la main et clope au bec.
erreur système _ matière inconnue // quelles sont les protéines que votre organisme préfère? La junk food, plus c'est gras plus elle aime ça. Pour ce qui est de la boisson, n'importe quoi de sucré fera l'affaire. Elle a toujours le mode de vie d'une ado de seize ans, Joy. Ça changera sûrement jamais.
pouvez-vous renseigner quelles sont vos particularités physiques? Pas de particularité à noter, Joy se fond dans la masse malgré quelques tatouages pourris, trois piercings qui se baladent et des cheveux parfois colorés. Elle est invisible et c'est ça qui est pratique. Toujours cabossée, elle a souvent des pansements plein les doigts, des bandages chelous et des trucs pour rapiécer son anatomie souffrante.
analyse du style vestimentaire. échec de l'analyse. quels vêtements avez-vous l'habitude de porter? On arrête pas de lui dire qu'elle devrait faire des efforts et elle se contente de lever les yeux au ciel parce que la mode, ça la passionne définitivement pas. Jeans déchirés, vieux sweats élimés, tant que c'est confortable et pas trop cher elle achète et porte sans modération. Elle a quelques favoris qui ont une valeur émotionnelle, les casquettes de son père, les conneries sentimentales qui font pleurer les gens dans les cinés.
merci de détailler quelles sont vos habitudes en dehors du travail, quelles activités comptent parmi vos préférées? Elle invente des histoires dans sa tête, crée de nouveaux concepts qui verront jamais le jour et qu'elle montrera jamais à personne. Ça se fait tard le soir quand les volets sont fermés et qu'elle entend presque plus les bruits de la rue, sorte de havre de paix artistique qui ne connait qu'elle et ne répond pas aux lois de la gravité.
facteur d'allégeance imprécis, veuillez renseigner quelles sont vos opinions vis à vis des groupes d'intérêts suivants : NCPD, corporations, gangs de Night City? Fuck tout le monde, elle fait plus confiance à personne et surtout pas aux regroupements de plus de dix personnes. Plus on est nombreux, plus on est cons et tout le monde l'a déjà trahi au moins une fois. Elle compte que sur elle-même et quelques élus qui lui ont encore rien fait, a toujours l'impression qu'ils vont finir par la planter.
système de combat à préciser, quels sont vos points faibles et vos points forts? On lui a jamais appris à se battre, seulement à espionner. Elle ne se sert que d'un fusil à pompe qu'on lui a mis entre les mains un jour pour assurer sa sécurité, fonctionne par éclat de violence, quand elle peut plus rien maitriser, plus rien refouler. Alors à ce moment là, c'est tout ce qui lui passe sous la main qui sert d'armes. Lames, lampes, ses ongles, ses dents, plus vraiment femme mais animal quand elle se met vraiment à devenir violence.
erreur système. donnée inconnue. dites nous, préférez-vous une vie paisible ou une mort spectaculaire? Elle aimerait bien mourir dans un éclat, peut-être pas de manière spectaculaire mais suffisamment fort pour qu'on en garde le souvenir, elle aimerait bien mourir vite comme une voiture qui s'écrase contre un mur, que ça laisse des traces.
Don’t go quietly, fight! Please fight to the end, be LOUD! Don’t just quietly go away!
On parle pas assez de l'odeur de la merde, c'est ce qu'elle se dit à quatre pattes pour astiquer la lunette des toilettes. Il est super tard, presque plus personne dans le club à part deux trois pauvres âmes désespérées qui veulent pas rentrer, veulent crever sans oser formellement le demander. On parle trop de l'odeur du sang, ça collerait à la peau soi-disant. Y a de la bile au fond de sa gorge qu'elle fait de son mieux pour ravaler, plus vite ce sera fait, plus vite elle sera rentrée. Des larmes brûlantes retenues au bord des paupières, ça va aller, il faut juste frotter.
- Regarde où t'en es. Joy sursaute même pas, connait trop bien la voix. Le néon accroché au dessus des chiottes clignote de bon cœur, comme s'il avait pigé que c'était le moment pour faire distraction.
Good vibes only qu'il dit, envie d'hurler. Ses gants en plastique rose remontent jusqu'à ses coudes et lui irritent la peau, le bruit est très chiant quand elle se retourne pour le regarder : Voltaire. Cet enfoiré.
- Fous moi la paix. Je t'ai rien fait et j'ai rien demandé. La brute ramasse son seau et son égo fraichement décalqué, lance le petit robot pour aspirer. En général, ça suffit à faire partir les gens, ils comprennent que le moment pour discuter est terminé et qu'il faut vite vite s'en aller avant qu'elle se mette à s'énerver. Pas lui, pas Volt.
- Faudra que tu choisisses un jour entre être quelqu'un ou nettoyer les chiottes. L'éponge passe sous l'eau, est essorée sans plus tarder. Tout ce qui peut faire du bruit, Joy veut l'utiliser. Veut couvrir les éclats de voix et tous ces mots qui font mal, veut partir pour de bon et jamais revenir, veut le tuer lui aussi, veut la violence contre ce monde qui l'a broyée, veut plein de choses, veut tout et puis rien la seconde d'après, veut...
- Laisse moi tranquille. Elle se déteste pour cette moitié de supplication pathétique, se déteste pour sa voix à moitié pétée qu'elle voulait forte, qu'elle voulait colère. Pas de crédibilité devant le roi de rats, refuse d'être sa princesse en papier, refuse d'être un pion, refuse d'être manipulée, estampillée, vendue et oubliée. Pourtant c'est déjà fait, son âme est déjà baisée.
- Tu sais où me trouver quand tu te seras décidée. Et là elle voudrait lui hurler dessus mais au lieu de ça, elle le regarde s'en aller. À force de tout refouler, tu finiras par exploser qu'on lui disait. Elle sent que c'est plus vrai que jamais. Tout ce qu'elle voudrait alors, c'est retourner dans le passé.
R E W I N D
Santo Domingo, 2059, 14h17
- Fais attention sur la route, et fais attention au boulot.
- Tu sais que je suis toujours prudent.
- Fais attention quand même, plus que d'habitude.
- Oui, je t'aime.
- Je t'aime aussi, tu sais que je pourrais pas continuer.
- Je sais.
- Allez, passe une bonne journée.
- Fais attention toi aussi.
- Bien sûr, je t'aime.
- Je t'aime aussi.
Santo Domingo, 2060, 14h17
- Il faudra prendre soin de ta maman si jamais je rentre pas.
Santo Domingo, 2061, 14h17
- C'est bizarre tu sais, il est pas rentré. Il rentre toujours ton père, même quand il a beaucoup de travail. C'est bizarre Joy, c'est bizarre. Tu sais pas où il est toi ? Il t'a rien dit ? Ça fait plus d'une journée maintenant, tu penses qu'il faut appeler le NCPD ? On appelle pas le NCPD ici, c'est toujours ce qu'il m'a dit. Ce qu'il me disait. Je sais plus Joy, je sais plus ce que je fais.
- Je crois qu'il rentrera pas.
D E S T I N Y
- Qu'est-ce que tu fais là toi ?
- Je sais pas, j'attends.
- C'est pas un endroit où les petites filles devraient attendre.
- Je suis plus une petite fille.
- Tu ressembles encore à une petite fille, microbe. AÏE, mais ça va pas putain ? T'es pas une gosse toi, t'es un chien. Allez, viens. Je vais te ramener chez toi.
- Non.
- Comment ça, non ?
- Je veux pas rentrer chez moi, c'est triste là-bas.
- C'est triste partout. Arrête de te lamenter, ceux qui chialent ils finissent pas se noyer dans leurs larmes. Allez gamine, rentre chez toi.
- Non, et je suis pas une gamine. Putain.
I S E U L T
- Il est chelou ton prénom.
- Le tien aussi.
- Je te vois tout le temps traîner dans le coin, qu'est-ce que tu cherches ?
- Je sais pas trop, d'habitude on me voit pas. Volt il dit que c'est mieux comme ça.
- Je l'aime bien ton prénom, et puis moi je te vois.
C O R P O W O R L D
Analyse de l'environnement// toujours les mêmes pauvres petits corps courbés tous les jours, qui font toujours les mêmes mouvements et tirent toujours la gueule. Toujours la même chaine sans âme où il faut assembler la même bouffe sans gout, parfum viande hachée et texture fabriquée. Les labos ont sorti leurs petits miracles qui se retrouveront dans les assiettes et avant ça dans les supérettes, mais il faut tout mettre en plastique, faut tout préparer, tout emballer.
Détection des visages// personne ne regarde l'objectif de la caméra, tous focalisés sur les rares tâches qui peuvent pas être robotisées. Ils sont pas beaucoup, une vingtaine peut-être, le reste c'est des machines, non tout le monde est une machine, il y a qu'une seule machine que perçoit les yeux perfides de la caméra, une seule et unique matrice. Et puis là il y a l'étincelle, la braise, le bug, c'est
elle.
Visage détecté, Joy Miller, 16 ans, employée All Foods, pas de casier judiciaire, père décédé, affiliation 6th Street// Qu'est-ce que tu fous Miller ?
Miller ?
Qu'est-ce que tu fous ?
T'es en train de tous nous faire chier là, Joy.
Eye contact avec la caméra qui dure plus d'une minute, ses mains se sont arrêtées de bosser depuis un moment. Y a tellement de choses qui passent dans ses yeux et que personne verra, sauf la caméra. Plus de Joy Miller dans la matrice le lendemain.
B E T T E R
- Moi ce que je veux c'est mieux que tout ça, j'en ai rien à foutre de ce que tu dis, que c'est pas pour moi, tout ça. C'est des conneries. J'ai des idées et je suis sûre que ça peut marcher, le reste c'est juste temporaire. J'ai pas besoin de toi, Volt. Et j'ai pas besoin des corpos non plus. Je vais faire ma propre légende, t'auras plus qu'à venir chialer quand je serai à North Oak et que toi t'auras pas bougé. Vous êtes tous pareils dans ce putain de quartier, à vous vautrer dans la merde et à y rester. Je veux tout arrêter. Espionner pour toi, les services, tout. Je veux tout ça. Je veux changer.
- Tu veux en parler ?
- Pas vraiment, peut-être, seulement si tu veux.
- Ça fait combien de temps qu'elle est comme ça ?
- Depuis la mort de mon père. Ça l'a complètement bousillé, elle devient tarée. Elle est tarée en fait. Elle croit que tout le monde veut notre peau, surtout les 6th Street. Elle veut pas comprendre qu'ils en ont rien à foutre de nous, un peu comme tout le monde.
- Qu'est ce que tu vas faire ?
(un silence, long silence, ça en dit beaucoup les silences.)
- Je sais pas trop. J'ai un nouveau job, je t'avais dit ? On va faire des DS, je vais écrire pour eux. Ça rapportera peut-être de l'argent ?
- Ouais, peut-être Joy. Peut-être.
"BOUM ça a encore explosé à Santo Domingo, faut dire que ce tas de merde est haute inflammable avec tout le pétrole qui a échoué là. C'etait un studio de DS apparemment, pas hyper connu et tout neuf, reparti direct à l'usine pour renettoyage. Sûrement un coup des gangs ou des corpos qui ont pas supporté la concurrence, même ce genre là. Bref on s'en fout, personne le pleurera ils faisaient même pas de porno."
- Donc, t'as pas d'expérience.
- Non.
- Pas de diplômes ?
- Non.
- Pourquoi le ménage ?
- Parce que j'ai plus le choix, mais que j'ai des mains. Pour nettoyer, ça suffit il paraît.
LE TEMPS C'EST DE L'ARGENT
2051 : Naissance.
2061 : Mort de son père.
2063 : Rencontre avec Volt, commence à espionner pour son compte. Rencontre avec Iseult.
2067 : Entrée dans les usines de All Foods, sortie la même année.
2068 : Suite de petits boulots pourris, commence à travailler pour un studio de DS indépendant.
2069 : Énième pétage de plomb de maman, les 6th Street aux fesses, démantèlement de son studio de DS. Commence les ménages, coupe les ponts avec Volt.
2070 : Ça peut plus continuer comme ça, qu'elle se dit résignée. Retour dans la machine corporative, ça continue à chauffer avec les 6th Street. Ça peut plus continuer comme ça, elle étouffe la matriarche et flingue le mec d'Isy, oups, faut déguerpir.
2072 : Deux ans à jouer au chat et à la souris avec les membres du gang et à trainer dans des motels miteux, elle revient dans son quartier pour faire son mea culpa et recommence à marcher avec Volt. Il est le seul à pouvoir négocier sa sécurité, même si tout se paie.
2073 : Night Corp l'envoie dans un immeuble en pleine nuit, commencement de son deuxième taf : hémoglobine sur la serpillère.
2074 : Prise de contact avec les désosseurs, entre au service d'Andrea Bancroft, laisse trainer ses oreilles pour lui à l'occasion. Les infos lui tombent toujours dans les oreilles et coulent entre ses doigts, elle les refile sans même réfléchir de peur que ça lui crame les mains. Cherche toujours à fuir Volt, se donne des airs de trahison.
2075 : Entend des choses
vraiment graves sur Night Corp et ses petites affaires, se retrouve le nez dans le sable à devoir faire un choix entre prendre sa vie en main ou continuer de courir.